Ecrit par Laurent Maljan
Ne laissez pas trainer vos chiens ou…
Oui ! Vraiment ! Ca la fout mal ! Vous connaissez « Sheila » ! La chienne de Jean-Claude le chasseur, mon voisin ! Le basset aux babines botoxées (le chien pas Jean-Claude)!
La malheureuse avait disparu. Vous savez l’amour de Jean-Claude pour sa compagnie, je veux parler de la horde de chiens l’aidant à chasser le lapin.
Il faut les voir derrière la mobylette du patron, partant à la chasse, de bon matin. Bon ! C’est vrai ! Ce n’est pas la plus belle des meutes ! Ils ne se ressemblent pas, c’est sûr. Entre « Poutine », qui doit être le mélange d’un ratier et d’un labrador, et, la « Bougresse », qui se situe, dans l’échelle animale, entre le berger allemand et le bobtail, il n’y a pas photo, ça manque de cohérence.
Ca fait un peu famille moderne, ou recomposée. C’est dans l’air du temps. C’est hétéroclite, mais c’est d’une efficacité redoutable. Il suffit de les entendre gueuler sur les lapins, lorsque toute l’équipe est lancée à leurs trousses. Ca peut faire penser au maquis de Saint Marcel, avant que les anglais n’aient parachuté des uniformes ou, à des mercenaires de la fin de l’empire romain, un peu avant le sac de Rome. De mauvaises langues ont laissé entendre que ça faisait même un peu équipe de France.
Mais revenons à « Sheila », la belle Sheila. C’est un des éléments sur lesquels notre ami peut compter. D’ailleurs, je l’ai entendu dire plusieurs fois, « si je n’avais pas Sheila, j’aurais pas la même équipe ! »
Pauvre Jean-Claude, malheureux, que tout le monde ici a envie d’aider. Le voir donner à manger à ses bêtes, avec la larme à l’œil, me fend le cœur.
Mais fort heureusement, l’aventure s’est terminée ! La belle Sheila a été retrouvée, et pas n’importe où, sur le terrain de Mr P…., vous savez la belle maison dominant la crique, ben faut pas s’emmerder. On m’a rapporté qu’elle s’était amourachée du chien de la maison, un beau setter anglais, qu’ils seraient même allé jusqu’au bout de leur liaison, si vous voyez ce que je veux dire. Rien d’extraordinaire pour le néophyte, c’est même mignon, mais il s’agit de chiens de chasse, avec cette particularité que la demoiselle est un chien courant, ces entêtés, qui aboient en poursuivant le gibier, et l’autre, un chien d’arrêt, qui prend la position d’une statue en présence de la perdrix. Cet antagonisme se doublant d’un problème supplémentaire, puisque Mr P… est le fameux PDG, celui qu’on voit à la télé, et qui rachète tous ses concurrents, et que Jean-Claude est pêcheur d’araignées, inscrit à l’Enim.
Cette union avait elle un avenir ? C’est la question légitime que vous vous posez.
Vous imaginez Sheila faire les présentations des beaux pères ? C’est comme le prince Harry et sa Mégane, c’est ce que l’on peut appeler une union morganatique. Le setter d’un prince de la finance avec la Sheila de Jean-Claude. Je ne voudrais pas être taxé de raciste…
Vouz vous doutez que les conversations allaient bon train. Des dames un peu âgées, accros au poste de TV, se félicitaient de cette union, entre un prince consort et une roturière, d’autres, plus nombreux, se désespéraient de voir un tel mélange. Ca ne pouvait donner rien de bon.
Le ton commençait à monter, comme on dit. Jean-Claude, qui avait réussi à démarrer sa mobylette était même prêt à demander réparation. Car de nombreuses questions restaient en suspens. Qui allait élever leurs enfants ? Qui financerait leurs études ? Mais de quelle compétence ou qualités pourraient ils se réclamer, s’agissant du mélange d’un chien courant et d’un chien d’arrêt ? Auraient ils même des qualités, en clair qu’est ce que ça donnerait à la chasse, s’agissant d’un chien qui se baladait entre l’hôtel particulier de l’Avenue Foch et le quartier de la Défense à Paris, et d’une chienne passant son temps à flairer le cul des bobos à vélo sur le sentier côtier. Les petits auraient ils la fortune de Mr P…, ce qui leur assurerait un avenir sans souci, ou celle de Jean-Claude, bénéficiaire du RSA ? Fallait il prendre un Avocat ?
Les questions étaient tellement importantes que Sheila, sans doute prise de remords, laissa tomber l’héritier pour retrouver ses amis : Capitaine, Poutine et toute la compagnie.
Mieux encore, la saillie, puisqu’il faut appeler les choses par leur nom, ne donna aucun résultat.
Ce fut un rude coup pour notre ami qui avait lu dans ouest France, entre les « obsèques » et les programmes télé, que les gosses doivent subvenir aux besoins de leurs parents démunis, et sans doute supputé la possibilité de percevoir une pension alimentaire.
Quelle histoire ! Dans quel monde vivons nous ? L’important dans tout ça est que la Sheila était restée fidèle à ses amis, que c’est très beau, et qu’on sait d’où on vient, mais pas où on va, surtout en ce moment. Il fallait les voir se lécher, se faire des mamours comme au bon vieux temps.
Moralité : Ne laissez pas trainer vos chiens, ou …prenez un bon Avocat.
Ecrit par Laurent Maljan
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