
Ecrit par Laurent Maljan
Comme des poissons dans l’eau
Quelle journée que ce lundi 24 avril !
J’avais promis à mon frère Eric, le cuisinier, l’exilé, de l’emmener à une partie de pêche, en Bretagne sud. Et pas n’importe où ! A Belle île, bien sûr, avec Arnaud, ce fameux guide, et Vincent, l’avocat, grand spécialiste de la pêche aux baos.



Il est vrai que je l’avais titillé. Une photo de temps en temps, l’évocation de lieux de pêche emblématiques, j’avais préparé le terrain, comme on dit, et il tenait absolument à vérifier in situ, lui, qui taquine gentiment la dorade en Bretagne nord.
Quand je vous dis que mon frère est un exilé, j’exagère ! Eric qui a perpétué la tradition familiale en devenant cuisinier a élu domicile, avec Pascale sa femme, à Saint Lunaire, à la pointe du Décollé, où il régale ses clients.
Imaginez un rocher dominant la baie de Saint Malo, avec cette vue à couper le souffle, et ce restaurant, avec ces grandes baies panoramiques. La patronne, Pascale, a toujours le sourire. Alors, prenez votre temps ! Admirez le paysage, et découvrez cette cuisine pleine d’inventivité et de saveurs.
La vie est drôle ! Elle sépare les êtres sans ménagement. Chacun va son chemin avec plus ou moins d’aptitudes, de chance. Et, il suffit parfois d’un petit défi, celui qui est lancé à la fin d’un repas, comme pêcher le plus gros poisson, pour qu’ils se retrouvent.
Ce fut un bon moment ! D’abord ce départ de Palais sous le soleil, ce vent apaisé alors qu’il n’a cessé, ces jours derniers, de souffler. La citadelle qui s’éloigne dans le sillage du bateau, la blancheur de son écume, la vibration des scions, et ce sentiment de quiétude. Là-haut, sur la crête, la ligne des arbres, ce vert, cette émeraude posée sur la mer, et au loin, la pointe des Poulains. C’était comme un cadeau, celui de la nature, de l’évidence de sa beauté, offerte aux hommes, par un petit matin d’avril.
Quelques beaux poissons, dans la tension des cannes, des cris ; un peu d’énervement, comme il se doit, sous la direction du capitaine. Et ce repas sur le pouce, cette palette à la diable, avalée par des affamés, entre deux remontées des leurres, et un bon verre de vin, quel festin !

Oui ! Ce fut vraiment une bonne journée, une pause dans le tourbillon des jours, une parenthèse. Arnaud fut fidèle à sa réputation, Maître Vincent enchanté, et mon frère satisfait de sa curiosité. Non seulement, il apprit la technique de l’ikejime, technique de mise à mort du poisson qui permet de préserver la saveur de sa chair, mais il comprit, définitivement, qu’entre la côte nord et la côte sud, y’a pas photo.

Ecrit par Laurent Maljan
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