Ecrit par Laurent Maljan
J’ai manqué l’immanquable
Le weekend, tant attendu, a bien commencé. Les vents sont passés à l’ouest après une semaine de vents d’est, ce qui signifie, pour les non initiés, surtout en octobre, que ca pourrait mordre ; pour les touristes, s’il en reste, que ca va passer à la pluie, pour les chasseurs, que le pied sera meilleur.
J’ai donc sorti samedi le zodiac, direction les Poulains, avec le célèbre phare sur les rochers.
Ce fut une belle après-midi, avec une bonne houle et un petit soleil, le genre d’après-midi, néanmoins, qui vous fait penser que l’été est déjà très loin.
Dimanche matin, j’avais décidé de partir à pied de la maison, le fantasme de tout chasseur. En fait un fantasme de jeunesse, lorsque j’arpentais les coteaux de Limerzel à la poursuite des perdrix, et qu’il me fallait prendre mon véhicule alors que les bois nous entouraient.
Je ne fus pas déçu. A 9H30 j’avais, avec l’aide d’une Cheyenne, très en forme, réalisé les 2/3 du tableau. Le faisan, avec sa belle parure mordorée, et la faisane, à l’arrêt du chien avec en fond de paysage la ria de Sauzon, son port et au loin la mer.
J’ai levé également quelques lièvres, ça rassure, l’ouverture que tout bellilois attend, étant dimanche prochain. Il me restait l’élément manquant, la perdrix, la dame rouge, celle qu’il faut mériter.
Bon ! Pour tout vous dire, j’avais repéré une compagnie. Je suis donc allé où je pensais la trouver. Je l’ai effectivement trouvée, et je l’ai vue s’envoler à 150 mètres. J’ai bien regardé ou elle se posait, des fois que…
Après avoir franchi quelques routes, traversé des friches impénétrables, je suis arrivé où je pensais retrouver l’unique objet de mes pensées. En fait, comme vous devez le savoir, j’étais dans l’à peu près ; je subodorais que ces diablesses se trouvaient dans le secteur.
Je commençais même à douter lorsque parvenu au sommet d’une pente sévère, je vis s’envoler sous mon nez, avant même qu’elle ne fut arrêtée, ma compagnie.
Qu’auriez vous fait ? Les perdrix étaient très regroupées. J’ai donc lâché, sans viser, mes deux coups, oui, mes deux coups sur la bande ; c’était trop facile.
J’avais oublié une règle élémentaire, il faut toujours viser.
Qui trop embrasse mal étreint ! C’est bien connu, c’est que ce que me disait mon père. Je fus bredouille, à peine quelques plumes, puni de trop d’orgueil.
Jeune chasseur, lorsque s’envole dans tes pieds une compagnie de perdreaux ou de sarcelles, essaye de viser, ne fais pas comme moi, ne manque pas l’immanquable.
Ps : Dimanche prochain, c’est l’ouverture du lièvre. C’est le sujet de toutes les conversations depuis quinze jours…
Ecrit par Laurent Maljan
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