Ne le dis pas à ton chien Laurent

Ecrit par Laurent Maljan

3 juin 2018

Quand mon setter s’est déclaré

Vous regardez les annonces, vous en parlez autour de vous, vous êtes en quête d’un chien. Pas un chien ordinaire, un bon, un vrai chien de chasse. Celui qui arrêtera, par tous les temps, sur tous les terrains, ardent, et courageux à la ronce, réceptif à l’ordre, le chien parfait.

Vous avez repéré une portée avec pedigree. Vous allez voir du côté des parents. Vous repérez quelques champions, un peu de sang italien, vous connaissez la renommée de l’élevage. C’est bien sûr, un gage de réussite. Mais votre bourse est vide, désespérément vide, la saison approche, et il vous faut un compagnon.

Chien de chasse
Quand mon setter s'est déclaré
guillemet

Comment faire ?

Le copain d’un copain a une portée de setters, le père est très bon, la mère est une bonne chienne. C’est décidé ! Un samedi matin, vous allez rendre visite à la portée. Et, c’est votre première désillusion. Ils se ressemblent tous, et ne sont pas du tout contents d’être dérangés à la tétine. Comment choisir, dans une portée, le bon chien ? 

Comment distinguer dans cette mêlée de gros hamsters blancs le chien courageux, d’une grande beauté, et paré d’aptitudes, tels qu’un arrêt ferme, un grand nez, à faire pâlir les copains ? Vous dites alors au copain du copain, « je pense que je vais revenir…! »

J’ai eu des chiens, des bons, des pas bons, mais pas bons du tout. Il est vrai que je commençais à courir dans les bois, comme beaucoup d’entre vous, et que je manquais d’expérience. Imaginer que vous allez « emprunter » le chien d’un copain, ou récupérer le chien d’un oncle, comme cela m’est arrivé, est une erreur. Un chien n’a qu’un maître !

J’ai eu trois chiens avant de connaître le bonheur. Un épagneul breton qui n’en faisait qu’à sa tête. Un setter irlandais, sans doute parent du premier. Et un labrador qui s’appelait caïus, et qui fut excellent… au marais, son terrain de prédilection.

Lorsque je commençai de m’intéresser à la demoiselle, gibier extraordinaire, je compris qu’il me fallait un chien sortant de l’ordinaire. J’eus Orcade, que je pris chez mon ami Hubert Grall, à Theix, dans le Morbihan. Cette chienne que je faillis vendre de colère, elle ne voulait pas arrêter, et qui ne supportait pas la concurrence, elle bourrait systématiquement le gibier arrêté par les autres chiens, se déclara à 3 ans, quand je compris qu’il me fallait tisser une vraie relation avec elle. Il n’y a pas de bon chien sans un bon maître. Et je repris alors à zéro notre collaboration. Je travaillai les ordres, je lui parlai, et je la fis beaucoup chasser. Le jour où elle se déclara, c’était sous les tours d’Elven, je fus pris d’une grande émotion car je savais que c’était parti pour un bail, et que ma vie de chasseur ne serait plus jamais la même. Orcade fut au dessus du lot, par son nez et son endurance.

J’eus ensuite Cheyenne, ma ballerine, qui arrêtait à 6 mois, et qui fut un bonheur. Elle me donnait tant de satisfaction que je décidai de la faire monter par un grand chien. Ce fut Brando de l’écho de la Forêt, grand champion, et grand géniteur.Malheureusement la mise bas se compliqua. Et quand je réagis, c’était trop tard. Sur une portée de 8 chiots, il n’y eut qu’un survivant, que nous élevâmes au biberon, puisque nous faillîmes perdre la chienne.

Nous l’appelâmes Inouk, c’était l’année des « i ». Je le fis chasser très vite mais je compris aussi très vite que ce serait compliqué. Cheyenne était toujours là, avec ses grandes qualités, et exerçait sur son chiot une prévenante mais encombrante maternité, jusque dans la chasse. Le chien était sous la coupe de sa mère, cela se voyait, et nuisait à l’évolution du jeune mâle. Je les fis chasser alors alternativement, et les choses s’améliorèrent. Le chien avait en particulier un superbe arrêt couché, qu’il hérita de Brando, mais il lui manquait l’audace et la ténacité.

Jusqu’à cet hiver, en forêt de Poncalleck, où, contre toute attente, peut-être la présence d’un mâle de son âge, amené par mon invité, mon brave Inouk, se mit à chasser comme j’avais rêvé qu’il le fit. Je dus alors admettre ce que mon ami n’avait cessé de me dire : un mâle se déclare plus tardivement qu’une femelle. Ce fut une grande émotion que vous avez certainement connue, et c’est un jour à marquer d’une pierre, tellement c’est beau, un setter à l’arrêt.

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