
Ecrit par Laurent Maljan
L’année des « C »
Si le nom de ton chien commence par « c », si ce chien t’a donné le bonheur, celui du chasseur, alors commence pour toi un drôle de compte à rebours, celui des dernières années !
C’est ainsi ! Passés dix ans nos fidèles compagnons s’engagent sur un chemin sans retour. Cela commence par un peu moins de vélocité, lorsqu’après une bonne journée, vous l’invitez à sauter de la voiture, un peu moins d’appétit, un nez parfois déclinant.



Vous vous dites « déjà dix ans ? » Vous allez voir la date de naissance des fois que…mais il faut bien l’admettre. Cela fait plus de dix ans que vous courez dans les bois, sous le soleil, sous la pluie, n’épargnant ni le cuissard, ni vos mains, ni le brave chien qui vous fait fête tous les matins.
Dix saisons que vous prenez plaisir à voir courir votre compagnon, à servir son arrêt. Une seconde, deux ! Vous attendez l’envol, et il ne vient pas. Vous encouragez votre ami à forcer son arrêt. Et puis, vous cherchez une boule de pin, une branche, quelque chose à lancer afin de mettre fin à cette interminable attente. Et alors que vous baissez d’attention, l‘espace d’un instant, la demoiselle, dans le fracas de ses ailes déployées, se propulse dans les branches, où vous la tirez et la manquez.
J’aurais du attendre ! Facile à dire ! Quand on a couru toute la journée après des ombres, c’est dur à admettre. Mais la vérité est là ; vous l’avez manquée.
Une ! Deux ! Ca peut passer, mais lorsque votre chien marque arrêt sur arrêt, et que vous n’avez à lui offrir que deux détonations, vous les connaissez, ces deux coups souvent entendus au loin, rapides, et qui vous font dire « c’était une bécasse », c’est que rien ne va plus.
Qu’en pense votre chien ? Peut il ignorer la maladresse de son maître ? Des dresseurs vous diront que seule la quête les intéresse ; facile à dire. Moi, quand je rate trois oiseaux d’affilée, mon chien me fait la gueule.
C’était l’année des « c », et vous aviez passé en revue tous les noms connus, à deux syllabes.
Il y avait bien « cado », facile à dire, moins à porter, pour un peu que l’animal en fut le contraire, imaginer les camarades susurrer dans votre dos « son chien n’est pas un c… » ; il y avait « café », c’est sympa, « caline » aussi, très joli pour une chienne.
Tous les noms furent passés en revue. Les enfants avaient beaucoup d’imagination. Et puis, on s’arrêta sur Cheyenne.
C’était beau, c’était simple, et ça faisait l’unanimité dans votre petite famille.
Des débuts dans le jardin, sur les merles, et les premières sorties où vous vous apercevez que la petite chienne a des aptitudes, jusqu’au grand jour, avec la lettre O, je veux parler de l’ouverture, où vous voyez votre chien, pour la première fois, à l’arrêt.
Les premières bécasses arrêtées, et votre regard qui change. Ce n’est plus le chiot adoré des enfants, c’est un chasseur affuté, qui excelle au bois, et qui, vous le savez maintenant, forcera votre admiration.
Dix ans déjà ! Que le temps passe, n’épargnant ni les êtres, ni nos braves compagnons, ceux qui nous ont apporté tant de bonheur.

Mais ce n’est pas fini, dix ans ce n’est rien, on m’a parlé d’un chien qui chassait encore à quinze ans. D’ailleurs, est il possible d’oublier ces années, tous ces matins de chasse, où la petite chienne, trop heureuse de courir, réclamait le collier, celui avec la cloche, et qui, s’élançant au bois, jouait cette musique si particulière, que vous n’oublierez jamais.
Cette année, c’est la lettre « n ». Vous pouvez essayer « napoléon » mais c’est prendre un risque, car s’il est mauvais, les camarades…, Nanouck, c’est sympa, ou bien Nala.
En fait, ne vous inquiétez pas, votre chien, tiens ça commence par un « c », vous sera d’une fidélité absolue, jusqu’à la fin.
Bonne année, avec un A, comme amitié.

Ecrit par Laurent Maljan
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